BRUCE CLARKE
Né en 1959, il est originaire de l'Afrique du sud mais il a dû, avec ses parents, quitter ce continent à cause des problèmes politiques. Il a étudié en Angleterre; il vit désormais à Paris. C'est un artiste engagé. "Il ne faut pas mettre la faute sur le dos des réfugiés mais plutôt sur celui des accueillants". Il s'est posé beaucoup de questions l'ayant mené à soutenir entre autres la cause du Rwanda.
Dans ses œuvres, Bruce superpose souvent la peinture, principalement l'aquarelle (représentant des humains), et les collages. Il préfère représenter des personnages "acteurs de leur vie", anonymes, plutôt que des célébrités. Selon lui, le fait de lire fait partie de la vie quotidienne, cela nous fait évoluer, c'est pourquoi il incruste des mots dans ses tableaux. Une grande partie de ses œuvres soutient une cause; son but étant de laisser l'acheteur réfléchir sur le message (implicite) qu'il a essayé de faire passer. Avant de commencer une œuvre, il se documente, il lit, essaye de comprendre l'origine même du thème qu'il a choisi, ce qui lui permet de trouver de l'inspiration. Chaque détail compte, du plus minime au plus flagrant. Pour lui, il suffit d'effacer, de gratter, ou de coller des bouts de papier dans la toile pour y former un sens, des messages ou des histoires; il compare cette technique avec le principe de palimpseste. En plus de tout ce jeu de sens, de questions et d'observations, le tableau doit être beau, présentable et partager une émotion. Grâce à l'art, il peut vivre, comprendre, et voir le monde sous plusieurs angles.
Son but n'est pas d'imposer sa manière de penser mais plutôt de la partager, d'apporter une réflexion chez l'acheteur. Certaines personnes trouvent le sens de l’œuvre seulement quelques années après avoir acheté l'objet; d'autres comprennent autre chose. Mais il l'accepte, bien que ce soit toujours un peu frustrant, car pour lui, tout le monde peut penser et interpréter les choses à sa manière.
Les actions de soutien pour la cause du Rwanda :
Il y a des années déjà, il réfléchissait au sens du mot "racisme". Avant, pour lui, ce mot désignait l'opposition entre deux "races". Mais lorsqu'il a découvert ce qu'il se passait au Rwanda, ses définitions tombaient à l'eau : deux peuples s'affrontaient, étaient racistes l'un envers l'autre et pourtant, il faisaient partie de la même "race". Il en conclut : "le racisme est une stigmatisation de l'autre pour une raison quelconque. Les couleurs de peau ne sont pas directement liées." C'est ce questionnement qui l'a amené à se documenter là dessus, et à soutenir cette cause si peu connue à ce moment : le génocide du Rwanda. Il se sent concerné car pour lui, le génocide est un crime contre toute l'humanité, donc contre nous.
Ses actions : Ses œuvres ne peuvent pas vraiment soutenir la cause si ce n'est que d'avertir le public. Il s'est donc posé la question "que faire pour aider ?". Il a alors monté un projet collectif dont le principe est de dénoncer les viols, les tueries, les crimes et de préciser qu'il n'y a pas de traces des disparus hormis des os dispersés. Il a donc créé un "jardin des pierres" public pour que le deuil de tous soit reconnu. Chaque personne endeuillée dispose d'une pierre qui représente un mort. Cela sert à se rendre compte par des moyens visuels de l'ampleur que le génocide a pris, de tous les morts par le biais d'une œuvre.
Son second projet a été de souligner culturellement que 20 ans après le génocide, la vie a repris son cours, des gens ont survécu, le pays est debout. Il marque les lieux de grandes projections de ses œuvres pour dire "ici, quelque chose s'est passé". Ces tableaux représentent des rwandais debout. Ensuite, un mouvement sur les réseaux sociaux a été créé : #jesuisdebout qui a fait fureur aux quatre coins du monde : les gens postent une photo d'eux en entier portant une pancarte disant "je suis debout" en soutien à la cause rwandaise.
Lors de notre rencontre avec lui, nous avons tous constaté que son humanisme est réel, il soutient des causes intéressantes qui motivent son art et montrent son désir de comprendre l'être humain.